Alger, 27 nov 2025 (SPS) La crise des réfugiés sahraouis, l'une des plus longues crises de réfugiés au monde, résulte "d'un processus de décolonisation inachevé", a affirmé, jeudi à Alger, le directeur général des relations multilatérales au ministère algérien des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l'étranger et des Affaires africaines, Abdelghani Merabet.
"Il est important de rappeler que la situation des réfugiés sahraouis n'est pas le fruit d'une crise politique, économique ou environnementale permanente. Elle résulte d'un processus de décolonisation inachevé", a-t-il souligné lors de la cérémonie du lancement du Plan de réponse aux réfugiés sahraouis (PRRS) 2026-2027 par l'ONU et ses partenaires humanitaires.
M. Merabet a soutenu, à ce titre, que l'aide humanitaire demeure "une nécessité absolue pour parvenir à une solution politique sûre et durable, conforme aux résolutions de l'ONU, au droit international, et au droit des réfugiés sahraouis de retourner volontairement, en toute sécurité et dans la dignité sur leur terre natale".
"En attendant que le peuple sahraoui puisse exercer librement son droit à l'autodétermination, que le monde appelle de ses vœux, il est de votre devoir de le soutenir", a-t-il lancé à l'adresse des responsables des agences humanitaires de l'ONU présentes en Algérie.
Il a réitéré, dans ce contexte, la disponibilité de l'Algérie à poursuivre sa collaboration avec tous ses partenaires : les agences des Nations unies, les ONG, les donateurs et les autorités sahraouies afin de "garantir le respect des engagements, la satisfaction des besoins et la convergence des principes humanitaires".
Evoquant le Plan de réponse aux réfugiés sahraouis (PRRS) 2026-2027, le même responsable a indiqué que ce document représente bien "plus qu'un simple cadre" et "témoigne de la résilience des Sahraouis et rappelle la responsabilité de la communauté internationale face à l'une des crises de réfugiés les plus longues au monde".
"Il reflète un engagement collectif à préserver les services essentiels qui permettent la vie quotidienne dans les camps de réfugiés près de Tindouf", a-t-il ajouté.
Ce nouveau plan, a-t-il poursuivi, "marque un tournant important" en raison de l'introduction, pour la première fois, d'un "plan de réponse humanitaire unifié et multisectoriel et rassemble les agences des Nations unies, les ONG, le secteur privé et la communauté sahraouie autour d'un ensemble commun de priorités pour les 173600 réfugiés éligibles à l'aide humanitaire".
En outre, ce plan va bien au-delà d'une simple campagne de collecte de fonds, "il dresse un tableau clair et urgent des besoins croissants et des difficultés rencontrées par les réfugiés sahraouis : détérioration des indicateurs nutritionnels, pénuries de gaz de cuisson et de matériaux pour la construction d'abris, et pression accrue sur les systèmes de santé et d'éducation", a-t-il détaillé.
Exprimant sa "profonde gratitude" au gouvernement algérien pour son "soutien indéfectible et généreux" aux réfugiés sahraouis, la coordinatrice résidente des Nations unies en Algérie, Savina Ammassari, a estimé que ces réfugiés restent, néanmoins, "fortement dépendants de l'aide humanitaire".
Des évaluations récentes des agences humanitaires de l'ONU montrent la gravité de la situation.
"64 % des ménages sont en situation d'insécurité alimentaire, 14 % souffrent de malnutrition aiguë et plus de 65 % des femmes et des jeunes enfants sont atteints d'anémie", a-t-elle déploré.
Alertant sur le risque que le manque de financement n'anéantisse les progrès essentiels réalisés, Mme Ammassari a lancé un appel de fonds de 177 millions de dollars pour répondre aux besoins humanitaires des réfugiés sahraouis.
"Nous appelons à un partenariat renouvelé, fondé sur la confiance et la responsabilité partagée", a-t-elle ajouté, estimant qu'"ensemble -avec le gouvernement algérien, le peuple sahraoui, les donateurs et les acteurs humanitaires- nous pouvons transformer l'espoir en un avenir de dignité et d'opportunités".
Réunissant 27 partenaires humanitaires, le Plan de réponse régional pour les réfugiés sahraouis définit des interventions coordonnées dans huit secteurs : protection, sécurité alimentaire, nutrition, santé, éducation, eau, assainissement et hygiène, abris/énergie/articles non alimentaires et moyens de subsistance. (SPS)