Le représentant du Front Polisario en France  critique le soutien de Paris au Maroc dans son occupation du Sahara occidental (médias)

dim 02/06/2024 - 15:57

Paris , 02 juin 2024 (SPS) Le représentant du Front Polisario en France, Mohamed Ali Zeroual a critiqué le soutien ferme de la France au Maroc dans son occupation illégale du Sahara occidental, estimant que "sans cette assistance, il est probable que la décolonisation aurait été achevée depuis longtemps", selon le site du parti communiste.

"Le soutien inconditionnel des gouvernements français au Maroc, sur les plans militaire, diplomatique et économique, a considérablement influencé le processus de décolonisation du Sahara occidental. Sans cette assistance, il est probable que la décolonisation aurait été achevée depuis longtemps. Récemment, le nouvel ambassadeur français au Maroc a publiquement reconnu que la France avait envoyé des avions Jaguar pour bombarder les colonnes des combattants sahraouis en 1976 et 1977", a indiqué le représentant dans une interview au site du parti communiste.

"Par ailleurs, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, la France n’a jamais cessé de faire pression pour éviter que le Conseil de sécurité n'exerce de contraintes sur le gouvernement marocain afin qu’il respecte la légalité internationale. En fait, c’est même le gouvernement français qui a été à l'origine de la soi-disant proposition marocaine d'autonomie" , a déplore le diplomate sahraoui.

Lors de sa récente visite au Maroc, le ministre français du Commerce extérieur a annoncé l'intention du gouvernement français d'investir et de financer des projets dans les zones occupées du Sahara Occidental. Si cette initiative se concrétisait, elle constituerait un soutien direct à l’occupation par le Maroc du territoire sahraoui, en violation flagrante du droit international et européen, a-t-il averti.

La France est parfaitement consciente que, selon l'ONU, le Sahara Occidental est un territoire non autonome et que le peuple sahraoui a droit à l’autodétermination et à la souveraineté sur ses ressources. Par conséquent, toute exploitation de ces ressources doit se faire avec le consentement du Front Polisario, le représentant unique et légitime du peuple sahraoui. De même, la justice européenne a reconnu que le Maroc et le Sahara Occidental sont deux entités distinctes et que toute activité économique dans le territoire sahraoui doit être négociée avec le gouvernement sahraoui.

Ignorer ces principes revient à soutenir directement l'occupation illégale du Sahara Occidental par le Maroc, ce qui constitue une violation manifeste du droit international et européen. Le peuple sahraoui espère que la France, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité et défenseur des droits de l'homme et des valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité, agira en faveur de la paix et de la stabilité dans la région. Il est impératif que le gouvernement français protège ses intérêts économiques et autres dans la région tout en respectant les droits fondamentaux du peuple sahraoui et le droit international. La paix et la stabilité, qui bénéficient à tous, ne peuvent être obtenues au détriment des droits humains élémentaires du peuple sahraoui et des principes de droit international, a fait savoir le représentant du Front Polisario.

 S’agissant, des Sahraouis vivant sous occupation marocaine, le diplomate sahraoui a souligné, ceux ci " font face à de nombreuses difficultés. Ils subissent des discriminations économiques et sociales, et leurs droits fondamentaux sont fréquemment bafoués. Les manifestations pacifiques en faveur de l’autodétermination sont souvent réprimées avec violence, et les militants sahraouis sont régulièrement arrêtés, emprisonnés ou harcelés. L’accès à l’emploi, à l’éducation et aux soins de santé est également limité pour les Sahraouis, qui vivent souvent dans des conditions précaires".

"Les prisonniers politiques sahraouis subissent les pires sévices et tortures de la part de la police marocaine. Les éliminations et tentatives d’élimination des activistes sahraouis sont monnaie courante. Plusieurs fosses communes, contenant des centaines de dépouilles de victimes mortes sous la torture et enterrées anonymement sans autre forme de procès, ont été découvertes. Aujourd’hui, ce genre d’éliminations continue de se produire dans la plus totale impunité, comme le prouvent les nombreuses tentatives d’assassinat dont a été victime Madame Sultana Khaya durant son année d’assignation à résidence au sein de sa demeure familiale dans la ville occupée de Boujdour", a-t-il rappelé.

Le Maroc a transformé les territoires occupés du Sahara Occidental en une prison à ciel ouvert, où les observateurs, les journalistes et les avocats indépendants sont interdits d’accès. Les forces d’occupation marocaines torturent moralement et physiquement les détenus politiques, œuvrant à leur élimination insidieuse par manque de soins et de nourriture suffisante".

Sur le plan militaire, le diplomate sahraoui a précisé, "contrairement à une idée répandue, ce n'est pas le Front Polisario qui a rompu le cessez-le-feu en vigueur depuis 1991, mais bien l'armée marocaine qui a agressé des civils sahraouis le 13 novembre 2020. Ces derniers manifestaient pacifiquement contre l'ouverture illégale d'une brèche dans la zone tampon d'El-Guerguerat, au sud-ouest du Sahara occidental. Le Front Polisario a simplement réagi à cette violation du cessez-le-feu, ainsi qu'au silence assourdissant du Conseil de Sécurité. Le peuple sahraoui, pacifique, s'est vu contraint à la guerre, se plaçant ainsi en légitime défense. Les premiers responsables de la reprise des hostilités sont incontestablement le régime marocain, suivi de près par la communauté internationale, en particulier le Conseil de Sécurité, qui n'a rien entrepris pour contraindre les autorités marocaines à respecter leurs engagements et le cadre de la légalité internationale. En résumé, la reprise de la lutte armée a de nouveau été imposée au peuple sahraoui".

S’agissant de la situation humanitaire des réfugiés sahraouis, le représentant a estimé "Malgré les conditions précaires, les réfugiés sahraouis restent résilients et organisés, avec des structures sociales, éducatives et politiques en place. Leur principal espoir est de pouvoir retourner un jour dans un Sahara occidental libre et indépendant. Ils aspirent à un avenir où ils pourront vivre en paix, avec la reconnaissance de leurs droits et de leur identité".

Aujourd’hui, la situation du Sahara occidental demeure bloquée, malgré les efforts diplomatiques. Le processus de paix, mené sous l’égide de l’ONU, est au point mort, avec le Maroc refusant toute solution incluant un référendum sur l’indépendance. L’ONU maintient une mission de maintien de la paix, la MINURSO, qui n’a cependant pas réussi à faire progresser de manière significative les négociations.

Les perspectives de libération du Sahara occidental dépendent d’une pression internationale accrue sur le Maroc pour qu’il accepte une solution juste et durable, respectant le droit des Sahraouis à l’autodétermination. Le Front Polisario, représentant le peuple sahraoui, reste déterminé à poursuivre sa lutte de libération par tous les moyens légaux reconnus par la légalité  internationale, a conclu le représentant du Front Polisario en France. (SPS)

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