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Mis au pied du mur, le Maroc tenu de reprendre sans tarder les négociations

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New  York, 28 avr 2018 (SPS)  Le Conseil de sécurité s’est fixé rendez-vous en octobre prochain pour évaluer l’avancée du processus de paix au Sahara Occidental occupé, mettant le cap sur une nouvelle démarche visant à ramener les partis au conflit à la table des négociations dans un délai de six mois.
Les Etats Unis, agacés par le blocage persistant du processus de paix, ont déclaré vendredi à l’issue du vote prorogeant le mandat de la Minurso, qu’ils s’attendaient à une reprise des pourparlers au cours des six prochains mois.
Amy Tachco, la coordinatrice politique auprès de la mission américaine à l’ONU a précisé que son pays a adopté cette année une approche différente en ramenant la durée du mandat de la Mission des Nations unies pour l'organisation du référendum d'autodétermination au Sahara occidental (Minurso) à six mois au lieu d’une année.
"Notre objectif est d'envoyer deux messages : Le premier est qu'il ne peut plus y avoir de statut quo concernant la Minurso et le Sahara Occidental.
Le deuxième est qu'il est maintenant temps d'apporter notre appui, notre plein appui à l'Envoyé personnel Kohler dans ses efforts pour faciliter les négociations avec les parties au conflit", a-t-elle précisé.
"Les Etats-Unis soulignent la nécessité d'avancer vers une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, qui garantit l'autodétermination du peuple du Sahara occidental", a ajouté la diplomate américaine, affirmant qu'"il "était temps de voir des progrès vers une solution politique après 27 ans de statu quo".
La représentante américaine a relevé que la Minurso est une mission de maintien de la paix (chargée d'organiser le référendum autodétermination) qui aurait dû finir son travail il y a longtemps. "C'est une mission qui a commencé il y a 27 ans presque jour pour jour", a-t-elle rappelé.
Pour autant, elle a estimé que la responsabilité incombait au Conseil de sécurité qui a laissé "le Sahara Occidental devenir un exemple typique de conflit gelé ".
Rappelant le constat de l’ancien ambassadeur américain à l’ONU, John Bolton, qui avait soutenu dans ses mémoires que la Minurso  était sur la voie d’acquérir une existence presque perpétuelle parce que personne ne savait quoi en faire, la coordinatrice politique a relevé que la mise en garde du Conseiller à la sécurité du président Trump "s’est révélée exacte ".
"Avec le renouvellement d'aujourd'hui, le Conseil de sécurité a fait un pas en avant pour mettre fin à ce cycle. La prochaine étape sera pour nous de soutenir l'Envoyé personnel (du SG de l'Onu), M. Kohler, et de voir enfin la reprise de discussions réelles et substantielles", a-t-elle dit.
La démarche américaine n’est pas du gout de la France
Amy Tachco a prévenu que le Conseil de sécurité serait appelé en octobre prochain à "examiner attentivement son travail et ses responsabilités si cet objectif n’est pas atteint".
La nouvelle démarche met directement le Maroc devant ses responsabilités. Ayant entravé le travail de deux émissaires onusien, le Maroc s’attèle à chercher des prétextes pour ne pas retourner à la table des négociations.
La France, seul soutien du Maroc au Conseil de sécurité parmi les membres permanents, a indiqué vendredi que "ce renouvellement pour six mois qui vise à maintenir la mobilisation du Conseil en appui au processus politique, doit rester une exception".
"Le maintien d’un cadre annuel garantit la stabilité des opérations de maintien de la paix", a indiqué son représentant à l’ONU, l’ambassadeur François Delattre, qui a avancé que la nouvelle démarche risquait de perturber la gestion et la planification des ressources de la Minurso.
Des débats du Conseil de sécurité vendredi, il s’est dégagé un consensus important sur la nécessité d’accélérer le règlement du conflit et de soutenir l’émissaire Horst Kohler à cet effet.
La majorité des membres du Conseil, y compris ceux qui ont voté en faveur de la résolution, ont déploré le fait que leurs propositions formulées durant les tractations ne soient pas prises en compte.
En références aux remarques du Conseil sur la prétendue présence du Front Polisario à El Guergarat, ces pays membres ont considéré que l’organe onusien devait s’abstenir de faire des déclarations de nature à compromettre le processus de paix.
La Russie a mis en garde contre un règlement qui "serait fixé en coulisse", alors que l’Ethiopie a appelé le Conseil à "éviter de donner l’impression qu’il prenait parti".
Par 12 voix pour et trois abstentions (La Russie, la Chine et l’Ethiopie), le conseil de sécurité a adopté vendredi soir une résolution prorogeant le mandat de la Minurso de six mois jusqu’au 31 octobre 2018. (SPS)
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