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L’ACAT France appelle à libération des détenus sahraouis du groupe Gdeim Izik

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Paris, 10  nov 2020 (SPS) L’Association Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) France, a appelé à la libération des détenus politiques sahraouis du groupe Gdeim Izik, accusant le Maroc d'"instrumentaliser le procès en raison de leurs engagements et activités".
Dans une tribune parue dans le journal "Le Monde", à l’occasion du 10e anniversaire des événements tragiques de Gdeim Izik, Bernadette Forhan, présidente d’ACAT France, a souligné l’impératif de "rappeler inlassablement aux autorités marocaines leurs obligations de respecter les droits de ces détenus sahraouis (...), en demandant leur libération, la fin de tout harcèlement judiciaire et que réparation soit faite pour les injustices et les tortures qu’ils ont subies".
Elle a affirmé, à ce titre, que "les détenus et leurs familles subissent régulièrement des mesures punitives en raison de leur détermination à obtenir justice, comme des restrictions au droit de visite, mise en isolement, surveillance policière des proches", et ce, en dépit de l'engagement du Maroc depuis 1993 à l'application de la Convention contre la torture.
"C’est un coup dur pour le royaume qui mène un intense lobbying pour convaincre ses partenaires internationaux de l’engagement du royaume sur le chemin des droits humains", écrit la présidente de l'ACAT France.
Cette dernière a fustigé une justice "sous contrôle du Makhzen, le pouvoir royal avec ses cercles d’influences et de clientélisme, et qu’il ne s’agit ici rien de moins que de procès politiques". Dans le cas des prisonniers de Gdeim Izik le régime marocain a fait le choix d’"instrumentaliser ce procès pour poursuivre des militants et défenseurs sahraouis en raison de leurs engagements et activités".
En effet, après dix longues années de détention arbitraire, la Cour de cassation s’intéresse à l’affaire. Depuis dix ans, dix-neuf militants de l’autodétermination du Sahara occidental sont "injustement" emprisonnés, dénonce Bernadette Forhan.
L’affaire remonte au 8 novembre 2010, quand des Sahraouis pacifiques arrêtés à la suite du démantèlement violent par les forces marocaines du camp de Gdeim Izik. Ce camp rassemblait alors plusieurs milliers de Sahraouis venus installer leurs tentes traditionnelles à proximité de la ville de Laâyoune occupée, afin d’exprimer leurs exaspérations quant aux discriminations économiques et sociales qu’ils subissent.
Ce rassemblement est également l’occasion de revendiquer le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, alors que le Maroc occupe depuis 1975 ce territoire considéré au regard du droit international et de l’ONU comme non autonome.
La répression continue pendant plusieurs semaines après les événements, et ceux que l’on appelle désormais le "groupe de Gdeim Izik", composé de 25 militants politiques et de défenseurs des droits, dont 19 encore en détention, sont particulièrement ciblés par les autorités.
Envoyés à la prison militaire de Salé près de Rabat, ils sont condamnés à de très lourdes peines le 16 février 2013 par un tribunal militaire. Les condamnations ont toutes été prononcées sur la base d’aveux obtenus sous la torture, à l’issue d’un procès inique, marqué notamment par le refus d’entendre les témoins cités par la défense et d’enquêter sur les allégations de torture. D’ailleurs, la Cour de cassation annule en juillet 2016 le jugement pour défaut de preuve, et ordonne une nouvelle procédure devant la cour d’appel de Rabat.
Le 12 décembre 2016, le Maroc est condamné par le Comité contre la torture de l’ONU (CAT) sur le cas de Naâma Asfari, l’un des prisonniers du groupe de Gdeim Izik, pour les sévices subis pendant son arrestation, la prise en compte des aveux forcés par le juge militaire et l’absence d’enquête malgré la réitération de ses allégations de torture.
Un nouveau jugement en juillet 2017 prononce à nouveau de lourdes peines, toujours sur la base d’aveux forcés et d’absence d’enquête indépendante sur les allégations de torture. Le lendemain de la condamnation, une communication est émise par plusieurs experts indépendants des Nations unies, pointant entre autres le caractère arbitraire de la détention. Une nouvelle fois, les autorités marocaines sont pointées du doigt par des instances onusiennes dans cette affaire. (SPS)
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