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Sahara occidental : des militants européens dénoncent le soutien à l'occupant marocain

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Alger, 03 oct 2018 (SPS) Deux militants européens des causes sahraouie et palestinienne, Étienne Pailhes et Sara Bundtzen, se sont élevés, mercredi, contre l'attitude des pays de l'Union européenne, notamment la France et l'Espagne vis-à-vis de la question du Sahara occidental, un conflit vieux de plus de 40 ans, qui, à ce jour, n'a pas été résolu, en raison du "soutien dont bénéficie l'occupant marocain au mépris des résolutions des Nations unies et du droit international".
Invités du forum organisé par le quotidien algérien Echaâb, les deux militants, qui avaient effectué du 26 septembre au 2 octobre 2018 une visite aux camps des réfugiés sahraouis pour s'enquérir des conditions de vie des populations sahraouis, ont critiqué également le "silence" des partis politiques et des dirigeants des pays européens quant aux conditions de vie des réfugiés sahraouis et ceux vivant sous occupation marocaine, alors qu'ils (Européens) prétendent "défendre les droits de l'Homme et les causes justes".
Dénonçant un "conflit scandaleusement long", Étienne Pailhes, un activiste belge d'origine française, a affirmé ne pas comprendre le rôle que joue la France en soutenant le Maroc dans son plan d'occupation du Sahara occidental. "Ce rôle n'est pas compréhensible pour moi, alors que mon pays défendait les principes de liberté, d'égalité et de fraternité", a-t-il regretté. Également militant de la cause palestinienne depuis près de 20 ans, Étienne Pailhes a indiqué avoir relevé des "similitudes" entre la situation des Palestiniens vivant sous le joug israélien et celle des Sahraouis, sous occupation marocaine.
"Je ne parviens pas à admettre cette hypocrisie occidentale, qui est pour moi inacceptable, de parler d'humanité au sens politique du terme et de continuer à regarder sans frémir les conditions inhumaines du peuple sahraoui", a soutenu le militant qui avait visité les camps de réfugiés sahraouis suite à une invitation du Comité belge de solidarité avec le peuple sahraoui. "Au crépuscule de ma vie, je découvre qu'il existe des questions évidentes d'occupation et qu'aucun dirigeant de l'Union européenne ne dénonce pour des raisons d'argent et d'intérêts particuliers. Je reste presque sans voix", a-t-il fait déclaré, soutenant que "les résolutions de l'ONU sont devenues de la comédie pour les politiques".
S'élevant contre ce silence de l’élite européenne, Étienne Pailhes s'est dit impressionné par le "calme" et la "détermination" affiché par le peuple sahraoui à défendre sa cause en dépit de la difficulté de maîtriser une telle situation et d'éviter le recours aux armes, "inévitable à bien des égard, pour arracher son indépendance". Comptant sur l'implication de la société civile européenne pour défendre le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui, le militant belge a annoncé que son organisation ayant défendant jusqu'à récemment la cause palestinienne va saisir officiellement les élus des Assemblées locales et fédérales belges pour les sensibiliser sur la question sahraouie afin d'amener les décideurs européens à changer leurs attitudes sur ce dossier.
De son côté, Sara Bundtzen, membre de l'ONG Western Sahara Resource Watch (WSRW), a dénoncé les négociations menées actuellement par la Commission européenne avec les autorités marocaines pour inclure les territoires sahraouis dans les accords commerciaux, mettant en garde contre le fait que "ces accords ne profitent pas aux populations sahraouies et n’auront aucune retombée positive sur les conditions de vie des Sahraouis".
"L'Union européenne est en train d'encourager l'exploitation illégale des ressources sahraouies. Les consultations menées avec les parties marocaines ne sont pas conformes aux arrêts de la Cour de justice européenne, qui avait rejeté déjà les accords commerciaux au motif que le Sahara occidental ne fait partie du territoire marocain et qu'il dispose d'un statut de territoire séparé", a-t-elle relevé, ajoutant que la Commission européenne veut aboutir, malgré la démarche illégale, à un accord avec le Maroc d'ici décembre prochain au plus tard en janvier 2019.
Sara Bundtzen, de nationalité allemande, a soutenu en outre que "le Front Polisario, qui est le seul et légitime représentant du peuple sahraoui n'a pas été consulté à ce jour par les membres de la Commission européenne sur l'exploitation des ressources sahraouis, malgré les décisions de la justice européenne qui avait mentionné cette obligation du consentement préalable des représentants du peuple sahraoui pour tout accord de cette nature".
La militante de WSRW a, par ailleurs, confié que son organisation qui milite pour la préservation des ressources sahraouies, rencontre d'énormes difficultés pour mener ses actions en Europe notamment auprès des firmes européennes qui exploitent illégalement les ressources sahraouis dressant divers obstacles jusqu'à empêcher aux militants de l'ONG de rencontrer des responsables européens. S'agissant d'une éventuelle adoption par le Parlement européen de l'accord de pêche Maroc-UE, Sara Bundtzen a estimé que le Front Polisario est dans son droit de le contester auprès de la justice européenne et d'obtenir son annulation, car, a-t-elle soutenu, l'accord en question n'a pas été conclu avec le consentement des représentants légitimes du peuple sahraoui. (SPS)
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