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Le Maroc vise à faire sortir la cause sahraouie de son cadre de question de décolonisation

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Alger, 16 mai 2018 (SPS) L'ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en Algérie, Abdelkader Taleb Omar a affirmé, mardi à Alger, que la politique marocaine de menaces et de chantage fondée sur l'accusation et le mensonge n'est qu'une manoeuvre pour faire sortir la cause sahraouie de son cadre juste de question de décolonisation.
 "Le régime marocain a adopté récemment une politique de menaces et de chantage fondée sur l'accusation et le mensonge, et ce après qu'il ait été acculé aussi bien au vu de sa situation interne que de son isolement au plan externe", a déclaré l'ambassadeur sahraoui dans un entretien accordé à l'APS.
Taleb Omar a appelé, dans ce sens, les Nations-Unies (ONU) à assumer leur entière responsabilité et à accélérer la résolution du conflit en empêchant le Maroc de poursuivre sa politique d'entraves et de création de tensions dans la région.
"Depuis le cessez-le-feu (année 1991) et tout au long de ces 27 années, le régime marocain a montré ses véritables intentions,  particulièrement depuis l'avant-dernière année en s'attaquant à l'Envoyé personnel de l'ONU, Christopher Ross puis à l'ex Secrétaire général onusien, Ban Ki-moon avant  l'expulsion de la composante politique et onusienne de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental, en raison de son échec à les faire basculer dans le sens de sa volonté, à savoir la légalisation de son occupation du Sahara Occidental", a précisé Taleb Omar.
"Par cette politique, l'occupant marocain a voulu imposer son diktat à l'ONU et à l'Union africaine (UA) et les amener ainsi à changer leur position et à abdiquer devant lui, sauf qu'il a été confronté à une réalité internationale, africaine et européenne qui a contrecarrer ses plans et resserré l'étau autour de lui, grâce aux décisions appelant à la nécessité de résoudre le conflit au Sahara Occidental conformément aux résolutions de l'ONU et à l'organisation d'un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui", a-t-il encore souligné.
"Face à cette situation, l'occupant marocain a eu recours à la fomentation d'accusations mensongères comme prétexte pour se dérober à ses engagements et éviter les négociations", a expliqué le diplomate sahraoui, estimant qu'il s'agit "d'une nouvelle tentative de ternir l'image du Front Polisario et de l'affabuler encore une fois, et à travers lui le peuple sahraoui en entier, de nouvelles fausses accusations s'inscrivant en droite ligne de sa stratégie les qualifiant à une ancienne époque de +séparatistes+, de +communistes à la solde de l'Union soviétique+ et même de +terroristes+  semant le trouble".
Soulignant que "ce sont là des allégations auxquelles le Maroc est habitué depuis son occupation du Sahara Occidental", M. Taleb Omar q relevé que "cette fois-ci, il (le Maroc) est aller jusqu'à impliquer des parties étrangères, à commencer par l'Iran, le Hezbollah, puis l'Algérie, qui ont tous apporté un démenti formel à ces propos irresponsables et infondés.
Ces accusations marocaines "illogiques" ne sont qu'une manoeuvre de rapprochement de certains pays en tentant de mettre à profit la nouvelle situation prévalent dans le Moyen Orient et l'hostilité de certaines grandes puissance à l'égard de l'Iran, a expliqué l'ambassadeur sahraoui, rappelant, dans ce sens, qu'il n'existe depuis les années 90 aucune relation entre le Polisario et la RASD et l'Iran, dont la position politique "n'a pas progressé", s'interrogeant "comment peut on parler d'appui militaire ou économique au peuple sahraoui dans ce cas là".
Assurant que le Front Polisario est occupé aujourd'hui par sa cause en tant que "question de décolonisation", telle que reconnue par l'ONU et sa mission, la Minurso et qu'il est conscient des manoeuvres de l'occupant  visant à l'éloigner de cet objectif, le diplomate sahraoui a rappelé qu'il (le Polisario) avait mis en garde contre la dangerosité de la démarche marocaine, appelant le Conseil de sécurité à des positions fermes pour mettre fin à cette politique d'obstacles et de création de tension" dans la région.
=Les Sahraouis attachés à l'option de paix, la France appelée à cesser ses entraves aux efforts de la Communauté internationale=
S'agissant de l'avenir des négociations avec la partie marocaine, l'ambassadeur sahraoui s'est montré "peu optimiste" quant à un progrès rapide dans le règlement du conflit, et ce au regard des signes que montrent le Maroc qui, a-t-il dit "ne présagent rien de bon".
Pour M. Taleb Omar, le régime marocain a aujourd'hui une autre chance de paix à saisir, notamment avec les nouvelles démarches de l'ONU et plus précisément les engagements de son SG, Antonio Guterres de relancer le processus de négociations pour parvenir à une solution.
Réitérant l'attachement du Front Polisario à "l'option de paix", le responsable sahraoui a déclaré que la chance est donnée de nouveau à la partie marocaine en attendant les décisions de l'ONU et du Conseil de sécurité après l'expiration du délai de six mois fixé par le Conseil de sécurité aux deux parties pour reprendre les pourparlers.
Mettant en avant le refus du Maroc de se conformer aux résolutions onusiennes et à la légalité internationale, qui appelle "une position ferme" de la part du Conseil de sécurité imposant au régime marocain de se plier à sa dernière recommandation pour le règlement du conflit au Sahara occidental, l'ambassadeur de la RASD a affirmé que "le statu quo ne peut plus durer et qu'il faut soit aller vers la paix soit c'est une nouvelle escalade dans la région", a-t-il averti. 
Evoquant la responsabilité de l'ONU et de l'UA dans le règlement du conflit au Sahara occidental et "l'absence de progrès de leur part pour permettre au peuple sahraoui d'exercer son droit à l'autodétermination", le diplomate sahraoui a indiqué que la partie sahraouie est en contact permanent avec l'émissaire onusien et que le Front Polisario souhaite voir M. Kohler honorer ses engagements et effectuer, dans les plus brefs délais, une visite dans la région pour s'enquérir de la situation des Sahraouis dans les territoires occupés et libérés ainsi que dans les camps de  réfugiés.
Pour l'ambassadeur sahraoui, l'impasse que connait la question sahraouie est le fait du Maroc mais aussi de la France qui, a-t-il dit, porte une "grande responsabilité" de par le blocage, à chaque fois, du processus de paix, affirmant que "sans la protection de la France, le Maroc n'aurait pu pérenniser ce conflit autant".
Déplorant, dans ce sens, que la France a empêché la mise en oeuvre du plan Baker et qu'elle s'est opposée à l'élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'Homme et à la décision de la Cour de justice européenne (CJUE) concluant clairement que le Maroc et le Sahara occidental sont deux territoires distincts et séparés, M. Taleb Omar a affirmé que "Paris s'emploie aujourd'hui à influencer la Commission européenne pour contourner la décision de la CJUE et renouveler l'accord de pêche illicite entre le Maroc et l'Union européenne".
Pour le diplomate sahraoui "la France empêche, de par sa philosophie coloniale, tout avancement dans la question sahraouie pour maintenir sa domination sur la région", appelant le gouvernement français à reconsidérer sa position et à se rallier au droit international et à l'unanimité de la  communauté internationale et du Conseil de sécurité sur cette cause juste.  (SPS)
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