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Violation des droits de l'Homme au Sahara occidental occupé: Sidati interpelle l'UE sur la situation qui "dépasse le seuil du tolérable"

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Bruxelles, 15 mars 2018 (SPS) Le ministre délégué, représentant du Front Polisario pour l'Europe, Mohamed Sidati a interpellé jeudi la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini sur les atteintes "graves" aux droits de l'Homme au Sahara occidental occupé, affirmant que la situation actuelle "dépasse le seuil du tolérable".
"Nous voudrions vous écrire au sujet de la grave situation des droits de l’homme qui prévaut actuellement au Sahara occidental occupé par le Maroc, situation qui dépasse le seuil du tolérable", a-t-il écrit dans une lettre à la haute représentante de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.
Mohamed Sidati a affirmé, dans sa lettre, que le territoire du Sahara occidental est "verrouillé" devant les observateurs indépendants, les journalistes et les visiteurs désireux de s’enquérir de visu des réalités pénibles vécues par les Sahraouis.
"Des dizaines voire des centaines d’Européens ont été expulsés manu militari, dont des parlementaires et des avocats, sans que l’UE ait réagi", a-t-il regretté.
Le diplomate sahraoui a exprimé, dans sa lettre, "l’espoir que l’UE agisse avec diligence auprès des autorités de Rabat" pour qu’elles "mettent un terme à leur dérive répressive contre des populations civiles sahraouies sans défense", le Maroc étant lié à l’UE par un accord d’association qui lui fait obligation de respecter les droits de l’Homme.
Il a affirmé, à ce titre, que les droits à la liberté de mouvement, de manifestation, d’association, "sont bannis dans les territoires occupés du Sahara occidental", soutenant même que "la situation des droits de l’homme y a empiré depuis la fin du second procès de Gdeim Izik" dont le verdict a été prononcé le 19 juillet 2017.
Mohamed Sidati a rappelé, dans ce contexte, que 19 des prisonniers politiques sahraouis du groupe dit de "Gdeim Izik" détenus depuis 7 ans ont été condamnés à l'issue du procès à des peines très lourdes, allant de 20 ans à perpétuité, alors qu'"aucune preuve de leur culpabilité n’a été fournie" si ce n'est des "aveux extorqués sous la torture".
Le diplomate sahraoui a dénoncé, en outre, la "dispersion brutale" à la mi-septembre 2017 des prisonniers du groupe de "Gdeim Izik" vers 7 prisons différentes à travers le territoire marocain, "la plupart à plus de 1000 kilomètres de leur famille habitant le Sahara occidental".
Selon Sidati, durant les 5 mois qui ont suivi leur dispersion, "les brimades ont été incessantes". Il en veut pour preuve "la réduction au minimum, sinon empêchement complet des visites familiales, enlèvements des livres et autres biens personnels, négligence de leur état de santé, mauvais traitements et nouveaux transferts vers des prisons différentes sans avertir les proches".
              ----Les prisonniers sahraouis victimes de "la vindicte du système marocain"---
"L’arbitraire pénitentiaire et la vindicte du système marocain s’abattent sur ces prisonniers", a-t-il affirmé, soulignant que le cas du défenseur des droits humains Naâma Asfari est "particulièrement illustratif".
Condamné à 30 ans de prison, il a été mis sans justification au cachot en février dernier. Sa femme française est empêchée de lui rendre visite depuis plus de 17 mois. Le 27 février dernier, il a décidé d'observer une grève de la faim illimitée.
Le 9 mars, d’autres prisonniers politiques sahraouis dans les prisons marocaines décident de lui emboîter le pas et initient, à leur tour, une grève de la faim illimitée pour "dénoncer toutes les formes d’atteintes à leurs droits fondamentaux" et "revendiquer leur transfert au Sahara occidental pour se rapprocher de leurs familles". Mais, selon Sidati, "les représailles ne se sont pas faites attendre".
Le diploate sahraoui affirme que "les procès et les condamnations arbitraires se succèdent", rappelant, à ce titre, le cas d’un groupe de 15 étudiants sahraouis détenus, jugés par des tribunaux de Marrakech.
"Après avoir subi toutes sortes de mauvais traitements, ils ont été condamnés en juin 2017, qui à 3 ans, qui à 10 ans, au terme d’un simulacre de procès, avec pour chef d’inculpation d’avoir exprimé pacifiquement leur soutien aux droits inaliénables du peuple sahraoui", a-t-il déploré.
Après l'appel introduit par leurs avocats et deux reports en janvier et février 2018,  un nouveau procès s’est ouvert le 13 mars à Marrakech, pour être à nouveau reporté pour le mois d’avril.
Mohamed Sidati soutient que 56 prisonniers politiques, militants et défenseurs des droits de l’Homme dont certains sont en danger de mort du fait d’une grève de la faim prolongée, croupissent actuellement dans les prisons marocaines, "subissant les foudres d’une justice royale marocaine inique".
Il a cité, à titre d'exemple, le cas de Mbarek Daoudi "auquel on a fait subir les pires traitements" avant de le condamner à 5 ans de prison pour avoir revendiqué le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, et celui du prisonnier politique Hafed Izza, qui a déjà purgé 10 ans de sa peine, et que l’Etat marocain refuse de libérer, malgré son état de santé chancelant, ou encore celui d'Ali Saadouni et son groupe déportés vers l’Est du Maroc où "ils subissent tortures et humiliations".
Le ministre sahraoui a estimé que la responsabilité de l’Etat marocain, qui a signé la Convention internationale contre la torture, mais aussi les Conventions de Genève établissant le droit international humanitaire, est "très lourde".
Il a rappelé, à ce propos, que ces conventions "obligent au respect de la dignité de toutes les personnes û libres ou incarcérées û dans le territoire occupé, et interdisent leur transfert vers des prisons du pays occupant".
"Le régime marocain ne peut impunément faire comme si tout cela ne regardait pas ses partenaires, notamment l’UE : il doit respecter ses engagements. Et l’Union, au lieu de rester muette face à tous ces forfaits, doit le lui faire savoir", a-t-il plaidé. (SPS)
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